Interview réalisée pour l’émission « Art Valorem » par Cifacom, l’Ecole des métiers du graphisme et de l’audiovisuel, en 2019.
Pourquoi le cuir ? C’est probablement lié à des petits sacs que j’ai eu quand j’étais gamine et que j’ai adoré – dont j’adorais le parfum. Et dans mes rêves un peu fous, je me disais : quel bonheur de rentrer dans un atelier où ça embaume le cuir ! Je crois que c’est une raison aussi irrationnelle que celle-là qui m’a poussée à choisir cette matière pour en faire mon métier.
Là on va réaliser une pochette, en cuir de crocodile, doublée en cuir de chèvre velours, avec des teintes contrastées : l’extérieur bleu Klein et la doublure couleur beige moutarde. Ce projet-là, c’est une cliente qui développe une marque de maroquinerie ultra haut de gamme et qui me demande de réaliser la base de la pochette. C’est pour ça qu’il y a une partie qui est devant – et qui n’est pas en crocodile – et elle va venir ensuite appliquer son savoir-faire, qui est un métier d’art aussi, en plumasserie.
L’intérêt fondamental de faire une pièce sur mesure, c’est que cette pièce a une histoire, elle a du sens. Il y a la satisfaction pour le maroquinier de manier une peau précieuse, coûteuse, et d’avoir à la regarder, d’avoir vraiment à composer avec son motif naturel.
J’ai deux types de clients dans mon activité. Ce type de client, c’est effectivement les clients professionnels, donc des créateurs, des designers. Puis j’ai aussi une part de mon activité qui est la création : je dessine des modèles, je dessine des sacs à main – que ce soit pour homme, que ce soit pour femme – et là je réalise à la demande pour des particuliers.
« Elle est magnifique ! J’ai commandé à Célia cette sacoche : la forme devait être la plus pure, la plus simple possible – c’était ça le cahier des charges, qui était très simple finalement – pour contenir mon ordinateur et que la poignée soit intégrée dans l’objet. C’est ça que je trouvais très beau, il n’y a pas de poignées qui dépassent, juste quelque chose dans l’épure en effet, et je trouve que ça fonctionne très bien ».
C’est un bonheur inouï de rentrer le matin dans l’atelier, de pousser la porte et d’avoir une bouffée de parfums de cuirs. Ça sent l’authenticité, ça sent la noblesse d’une matière, ça sent le beau.